Encore un peu de malice…

La somme des inverses des entiers naturels non-nuls (la série harmonique) tend vers l’infini (voir ici pour la preuve de Nicole Oresme). On dit que la série est divergente. Ainsi, \[\lim_{n\to \infty}\sum_{i=1}^{n}\frac{1}{i}=\infty\]Le grand Euler a montré (une première fois à vingt-huit ans dans une preuve particulièrement eulérienne en 1735, puis à nouveau avec une preuve plus rigoureuse en 1741) que la somme des inverses des carrés des entiers naturels non-nuls converge vers une valeur, aussi surprenante soit-elle d’ailleurs, cette valeur. C’est le problème de Bâle. On écrit \[\lim_{n\to \infty}\sum_{i=1}^{n}\frac{1}{i^{2}}= \frac{\pi^{2}}{6}\]Deux séries intimement liées, l’une divergente, l’autre convergente. Avec cette malice toute mathématique, on décide d’accoler un carré de côté \(1\) et d’aire \(1\) à un carré de côté \(\frac{1}{2}\) et d’aire \(\frac{1}{4}\). On accole ensuite un carré de côté \(\frac{1}{3}\) et d’aire \(\frac{1}{9}\). Puis on accole un carré de côté \(\frac{1}{4}\) et d’aire \(\frac{1}{16}\). On continue le processus aussi longtemps qu’on le souhaite tel qu’illustré dans l’image ci-dessous …

Et il se trouve qu’en continuant le processus aussi longtemps que désiré, la mesure d’un côté de cette figure, le côté inférieur, tend vers l’infini (c’est la série harmonique) alors que son aire tend vers un nombre bien fini, bien tangible (c’est le problème de Bâle).

C’est aussi le problème un peu gênant du pauvre peintre qui a besoin d’une quantité finie de peinture pour peindre l’intérieur des carrés mais d’une quantité infinie de peinture pour seulement en tracer les contours.

Référence : A harmonic serie paradox via Let’s play math

Pliage et orthocentre

Voici une petite construction facile et intéressante à réaliser. Sur une feuille de papier tracez un cercle et découpez-le.

Identifier trois points sur la circonférence du cercle. Faites en sorte que les points puissent former un triangle acutangle

de telle sorte que

Rabattez ensuite deux des côtés du triangle et notez le point d’intersection des arcs de cercles.

puis rabattez ensuite le troisième côté…

Dépliez. Le point d’intersection correspond à l’orthocentre, le point d’intersection des trois hauteurs.

Ah ! Et maintenant, pourquoi ça marche ? Cela ne m’apparaissait pas nécessairement évident de prime abord, mais il suffit de regarder les bons angles dans les bons triangles (comme d’habitude !) Considérons le triangle \(ABC\) dans le cercle suivant. J’ai tracé les hauteurs \(AH\) et \(BE\) qui se rencontrent en \(G\).

Il faut montrer que \[m\overline{EG}=m\overline{EF}\]Les angles \(AFB\) et \(ACB\) sont isométriques puisque ce sont des angles inscrits qui interceptent le même arc. Moins évident est le fait que l’angle \(AGF\) est aussi isométrique à l’angle \(ACB\). Les triangles \(GAE\) et \(CAH\) sont tous deux rectangles (par définition de hauteur). Ces deux triangles partagent aussi l’angle \(GAE\) (noté \(\zeta\) sur le schéma). Ils sont donc semblables par le cas AA. Et comme dans les triangles semblables les angles homologues sont isométriques, cela implique que l’angle \(AGE\) est isométrique à l’angle \(ACH\).

Le triangle \(AGF\) est donc isocèle. \(AE\) est une hauteur du triangle isocèle. Or, dans un triangle isocèle, cette hauteur est aussi médiatrice. Et par définition de médiatrice, on obtient le résultat recherché.

Référence : Orthocenter Curiosities sur “I hope this old train breaks down…”

Le triangle de Pascal sous un autre angle…

Le triangle de Pascal sous un autre angle… un angle de 22,5°. Voici le triangle célèbre …

… étudié par Pascal au XVIIième siècle. Le triangle est déjà bien connu à ce moment-là et depuis longtemps, mais Pascal lui consacre un traité (Le triangle arithmétique, 1654) dans lequel il démontre 19 propriétés qui y sont associées. Cependant, une propriété remarquable lui échappe et on peut aujourd’hui se surprendre qu’il ait fallu plus de 200 ans afin de la découvrir. C’est Édouard Lucas qui, en 1876, fit la troublante découverte suivante en traçant les diagonales.

Apparaît sous les projecteurs, sortie de nulle part, la suite de Fibonacci ! (Applaudissements nourris)

Génial !