La méthode somme-produit

Problème : il faut factoriser \[6x^{2}-13x-5\]

Avec de petits nombres entiers, une des premières méthodes que l’on montre aux élèves est la méthode somme-produit.  On cherche deux nombres dont la somme est \(-13\) et le produit est \(6 \times(-5)=-30\). Comme le produit est négatif, je cherche deux nombres de signes contraires.  Après avoir cherché du côté des facteurs de \(30\), je trouve \(-15\) et \(2\).  En effet, \[-15+2=-13\]et \[-15 \times 2=-30\]Je peux donc « désimplifier » le terme en \(x\) et écrire \[6x^{2}+2x-15x-5\]afin d’effectuer une mise en évidence double.  C’est-à-dire \[2x(3x+1)-5(3x+1)\]puis \[(3x+1)(2x-5)\]Or, comme le mentionne avec pertinence James Tanton, si on demande à des enseignants du secondaire

pourquoi ça marche ?

on obtient généralement une réponse qui ressemble à ceci :  on commence avec \[(ax+b)(cx+d)\]où \(a\), \(b\), \(c\), et \(d\) sont des entiers.  On effectue le produit \[ax^{2}+(ad+bc)x + bd\]Le coefficient du terme du premier degré est composé de la somme de deux nombres, à savoir \(ad\) et \(bc\).  On voit aussi que le produit du coefficient du terme du deuxième degré et du terme constant est égal au produit de ces deux nombres \[ad \cdot bc = ac \cdot bd\]la multiplication étant commutative et associative.

Et voilà pourquoi ça marche !

Or cela ne répond pas effectivement à la question.  On montre en réalité la réciproque de l’énoncé initial.  Comme le souligne Tanton, il serait important (au moins pour l’enseignant, pas pour l’élève) de montrer l’implication directe.  C’est-à-dire que si l’on a \[ax^{2}+bx+c\]et que \[b = p+q\]et \[ac = pq\]et où \(a\), \(b\), \(c\), \(p\) et \(q\) sont des entiers, alors le trinôme se décompose en deux facteurs à coefficients entiers.

On a donc \[ax^{2}+(p+q)x+c\] \[ax^{2}+px+qx+c\]On pose \(j\) comme le plus grand commun diviseur de \(a\) de \(p\).  On a donc \[a = jk\]pour un certain entier \(k\).  Comme \(ac = pq\), on a \[jkc = pq\]Évidemment, \(j\) divise \(p\), donc \(\frac{p}{j}\) est un entier. Or, comme \(k\) ne divise pas \(\frac{p}{j}\) , mais que \[kc = \frac{p}{j}q\]alors on a que \(k\) divise \(q\). C’est-à-dire que \(\frac{q}{k}\) est aussi un entier et que \[c = \frac{p}{j} \cdot \frac{q}{k}\]On a donc \[jkx^{2}+px + qx + \frac{p}{j}\cdot \frac{q}{k}\]et en effectuant une mise en évidence double \[jx\left(kx + \frac{p}{j}\right) + \frac{q}{k}\left(kx + \frac{p}{j}\right)\]on obtient \[\left(kx + \frac{p}{j}\right)\left(jx+\frac{q}{k}\right)\]c’est-à-dire deux facteurs à coefficients entiers.

2 thoughts on “La méthode somme-produit

  1. Mais Monsieur, à quoi ça sert ?
    Hi!hi!hi!

    Je crois aussi que les enseignants de mathématique du secondaire devraient savoir faire ces démonstrations.

    (*soupir*)

  2. Parfois, il fait comprendre une ‘forme’ de résultats.
    On peut avoir, rien qu’avec 2 x 2 chiffres, des combinaisons différentes, genre (axb) / (c+d). Ou l’inverse : (a+b) / (cxd).
    Vous et moi on s’en f….

    MAIS

    Pour Coller aux résultatsb obtenus, il faut des ‘formules’ telles que ci-dessus. Il y en a des milliers. Des millions ?

    Surtout si on a affaire à des situations bizarres ou inconnues.

    MERCI, Monsieur le Professeur..

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Time limit exceeded. Please complete the captcha once again.